Chaque année, plus de 6 millions de vols sillonnent le ciel américain. Mais derrière cette impressionnante machine se cachent retards, disparités entre compagnies aériennes et performances parfois inattendues des aéroports.
Grâce à l’analyse des données publiques du Bureau of Transportation Statistics (BTS) — qui met chaque mois à disposition une grande quantité d’informations sur les principales compagnies opérant aux États-Unis —, nous avons pu examiner ces phénomènes de plus près.
Quand partir ? Les mois et jours à privilégier pour voyager sans stress
La période de l’année influence fortement vos chances de voyager sereinement. Les mois de septembre, octobre et novembre offrent les meilleures conditions, avec des taux de retard relativement faibles (environ 13 à 14 %).
En revanche, les mois de juin, juillet, août ou décembre sont les plus problématiques, affichant des taux de retard supérieurs à 20 %, principalement en raison du surcroît de voyageurs pendant les vacances.
Concernant les jours de la semaine, le samedi est le jour le plus sûr avec seulement 15 % de vols retardés.
Les jeudi et vendredi sont à éviter si possible, affichant plus de 19 % de vols retardés.
Il est intéressant de noter qu’il y a généralement moins de vols le samedi, mais il ne semble pas avoir de corrélation directe entre le volume de trafic et le taux de retard.
Voyons maintenant pourquoi l’horaire de votre vol compte tout autant.
À quelle heure prendre l’avion pour maximiser vos chances d’arriver à l’heure ?
L’heure à laquelle vous choisissez de partir a un impact considérable sur votre probabilité d’être à l’heure.
Les départs programmés entre 5h et 9h du matin affichent les meilleurs résultats en termes de ponctualité.
À l’inverse, les vols prévus entre 15h et 21h subissent davantage de retards. Pour mettre toutes les chances de votre côté, mieux vaut donc choisir un vol tôt dans la journée.
De plus, au fil de la journée, la proportion de vols retardés augmente. Cela est dû à la propagation des retards : l’arrivée tardive d’un avion, de son équipage ou de sa cargaison peut affecter le départ du vol suivant. Ainsi, un petit retard en début de journée peut générer des effets en cascade sur l’ensemble du programme de vols.
Intéressons-nous maintenant à l’impact des aéroports sur les retards.
Les aéroports qui testent votre patience… et ceux qui vous épargnent
Certains aéroports américains sont de véritables hubs de trafic, et cela se ressent sur la ponctualité. Les aéroports de Miami (MIA), de Los Angeles (LAX) et de Chicago (ORD) enregistrent le plus grand nombre de vols, ce qui génère inévitablement des risques de congestion.
À l’inverse, certains aéroports plus modestes ou spécialisés comme ceux d’Honolulu (HNL), d’Anchorage Ted-Stevens (ANC) et de Kahului (OGG) affichent de bien meilleures performances en termes de respect des horaires.
Voyons maintenant comment les compagnies aériennes influencent aussi vos chances d’arriver à l’heure.
Quelles compagnies tiennent vraiment leurs promesses de ponctualité ?
Toutes les compagnies ne se valent pas, Hawaiian Airlines (HA), Alaska Airline (AS) et Delta Airlines (DL) tirent leurs épingles du jeu avec une ponctualité supérieure à la moyenne nationale.
À l’inverse, Frontier Airlines (F9), JetBlue Airways (B6) et Spirit Air Lines (NK) sont souvent en difficulté sur ce critère, présentant des taux de retards plus élevés.
Mais ces différences ne s’expliquent pas uniquement par l’organisation : elles cachent parfois des stratégies moins visibles, notamment l’ajustement des durées de vol.
Performance réelle vs promesse marketing : ce que cachent les durées de vol
La Scheduled Block Time (SBT) — ou durée programmée d’un vol — est déterminée par les compagnies aériennes en s’appuyant sur les historiques de temps de vol. Elles y intègrent aussi des marges de sécurité pour anticiper les aléas opérationnels comme le trafic, la météo ou la congestion aéroportuaire.
Une marge importante entre la durée programmée et la durée réelle (block time) peut indiquer une stratégie visant à améliorer la ponctualité affichée (« on-time performance »), car un vol qui arrive avant l’heure prévue est compté comme « à l’heure ».
À l’inverse, des marges trop faibles permettent d’optimiser l’utilisation des avions et des équipages, mais au prix d’un risque accru de retards et d’une dégradation de la ponctualité perçue par les clients.
Les compagnies traditionnelles (« legacy carriers ») ont tendance à programmer des block times plus longs pour garantir un meilleur niveau de service, tandis que les compagnies à bas coût (« low-cost carriers ») préfèrent des block times plus serrés afin de maximiser la rentabilité de leur flotte.
Cette différence entre durée programmée et durée réelle est surveillée de près par les régulateurs, les analystes et parfois même les passagers, car elle peut être révélatrice d’une volonté de gonfler artificiellement la ponctualité ou de réduire les coûts d’exploitation.
Voyons maintenant comment ces stratégies se traduisent concrètement chez différentes compagnies.
Stratégies cachées des compagnies : rapide, moyen ou lent volontairement ?
Sur la programmation des temps de vol

Trois grands groupes émergent :
- Le premier groupe, qui fixe des durées de vol serrées, est principalement composé de compagnies à bas coûts ou ultra low-cost, telles que Spirit (NK), Virgin America (VX) et JetBlue (B6), à l’exception de Delta (DL), une compagnie traditionnelle qui adopte également cette approche.
- Le deuxième groupe rassemble des compagnies dont les horaires sont très proches de la moyenne nationale. Ce groupe est hétérogène, combinant des low-cost comme Frontier Airlines (F9) et Southwest Airlines (WN), des compagnies traditionnelles telles qu’American Airlines (AA) et Hawaiian Airlines (HA), ainsi qu’une compagnie régionale, SkyWest Airlines (OO).
- Enfin, le troisième groupe est composé de compagnies qui fixent des durées de vol nettement supérieures à la moyenne. Ce groupe est constitué de compagnies traditionnelles, comme United Airlines (UA) et Alaska Airlines (AS), Ainsi que de compagnies régionales telles qu’ExpressJet Airlines (EV), sans présence de modèles low-cost.
Sur les temps de vol effectifs
La tendance est similaire :
- Le premier groupe, qui effectue des vols plus court que la moyenne, est principalement composé de compagnies à bas coûts ou ultra low-cost, telles que JetBlue (B6), Spirit (NK), Southwest Airlines (WN), et Virgin America (VX), à l’exception encore une fois de Delta (DL).
- Le deuxième groupe rassemble des compagnies qui effectuent des vols très proches de la moyenne nationale. Ce groupe est hétérogène, combinant un low-cost comme Frontier Airlines (F9) et une compagnie traditionnelle, comme United Airlines (UA).
- Enfin, le troisième groupe est composé de compagnies qui effectuent des vols supérieurs à la moyenne. Ce groupe est constitué de compagnies traditionnelles, comme ExpressJet Airlines (EV), American Airlines (AA), Alaska Airlines (AS) et Hawaiian Airlines (HA). Ainsi qu’une compagnie régionale, SkyWest Airlines (OO).
En conclusion : Arbitrages et stratégies
Ces différences stratégiques illustrent les arbitrages subtils entre optimisation de l’exploitation et recherche d’une meilleure ponctualité perçue par les clients.
Par exemple, elles peuvent exagérer le temps de vol afin d’éviter les retards ou sinon afin d’économiser de l’argent et du carburant, elles peuvent choisir de voler plus lentement, avec moins moins de carburant ou avec des plus petits avions.
À l’inverse, sachant que les voyageurs cherchent à aller du point A au point B le plus rapidement possible afficher des durées de trajet plus courtes que la concurrence peut être une stratégie pour attirer plus de voyageurs.
Entrons un peu plus dans les détails

- Alaska Airlines (AS) semble privilégier l’économie de carburant en volant plus lentement mais de manière régulière.
- Spirit Airlines et JetBlue Airways affichent des temps courts pour séduire, mais au prix d’une ponctualité plus fragile.
- United Airlines (UA) et ExpressJet (EV) pourraient légèrement exagérer leurs durées pour améliorer leur performance affichée, un point qui mériterait une étude approfondie.
- Enfin, Delta Airlines (DL), grâce à une ponctualité remarquable et une stratégie équilibrée, pourrait être considérée comme la meilleure compagnie aérienne américaine pour 2016 selon nos analyses.
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