La difficulté de faire des prévisions

C’est en lisant le projet de loi de finances 20151, plus communément appelé par son sigle PLF2015, et plus précisément la première ligne de la partie “Contexte et hypothèses macro-économiques”, que m’est venue l’idée d’écrire un article sur les prévisions de croissance.

Le conditionnel est évidemment de rigueur lorsque l’on parle prévision de croissance, ainsi d’après le PLF2015 (et l’OCDE) “la croissance atteindrait +0,4 % en 2014 avant de se renforcer pour atteindre +1 % en 2015”.

Effectivement, les prévisions sont très importantes et elles sont généralement faites par de grandes institutions nationales et internationales. Elles permettent aux gouvernements, aux banques centrales et aux entreprises de prendre des décisions sur les politiques publiques, leurs niveaux d’investissements ou encore les taux d’intérêt.

Les prévisions économiques relèvent plutôt de l’art que de la science, elles reposent sur un savant mélange entre modèle économétrique et indicateurs de haute fréquencepermettant de prédire l’évolution des variables économiques ainsi que les relations entre ces variables au sein d’un pays donné. Mais, il faut du doigté et un certain discernement pour réussir une bonne prévision et bien souvent des ajustements sont apportés au modèle pour que celui-ci entre en adéquation avec la réalité3.

Pour bon nombre d’économistes, le chiffre prévu n’est pas ce qui importe le plus, l’idée est surtout d’avoir une vue d’ensemble de la situation à venir : l’inflation aura-t-elle tendance à augmenter ou diminuer ? Est-ce que la croissance sera rapide ? Assiste-t-on à une accélération du chômage ? etc.

Assez régulièrement, l’OCDE réalise des études sur la qualité de leurs projections4. Ainsi, en 2007, ils en étaient venus à considérer que les prévisions de croissance pour l’année en cours étaient plutôt bonnes et non biaisées, par contre les prévisions faites pour l’année suivante sont souvent surestimées.

Il est donc intéressant pour les agents d’utiliser ces prévisions pour avoir des ordres de grandeur, mais je ne pense pas que l’utilisation qui en est faite par le gouvernement dans son PLF soit la bonne, il pourrait à la rigueur fournir plusieurs scénarios suivant le sens et l’exactitude des prévisions, mais en aucun cas ne baser ses dépenses sur un chiffre à priori surévalué.

Si cela vous intéresse, voici un article un peu plus centré sur le sujet : Croissance: pourquoi le gouvernement se plante-t-il toujours sur ses prévisions ?


Note
(1) Source : Document PDF
(2) Voir par exemple le modèle MESANGE du trésor et de l’INSEE
(3) le modèle ne parvenant pas à capturer toute la complexité de notre monde, il faut souvent intervenir à la marge
(4) Source : Vogel, L. (2007), “How do the OECD Growth Projections for the G7 Economies Perform?: A Post-Mortem”, OECD Economics Department Working Papers, No. 573, OECD Publishing