Billets et pièces : les espèces en voie d’extinction ?

Depuis que l’humanité commerce, elle utilise des équivalents d’échange pour faciliter ses transactions. Dès 4000 av. J.-C., l’or et l’argent circulaient déjà en tant que monnaies. Pourtant, l’argent est avant tout une abstraction : une simple convention fondée sur la confiance entre les individus.

Aujourd’hui, grâce à l’innovation technologique, les billets et pièces ne représentent qu’une infime partie de la masse monétaire (à peine 9 % de M31). Les transactions se résument souvent à de simples flux d’informations entre comptes bancaires. Ce basculement pose naturellement la question : avons-nous encore besoin de monnaie physique ?

D’ailleurs, une étude menée par le professeur Bhaskar Chakravorti et Benjamin Mazzotta estime que les espèces coûtent près de 200 milliards de dollars par an à l’économie américaine, entre vols, coûts de manipulation, et évasion fiscale.

graphique : cout du liquide

Voyons donc pourquoi les billets semblent de plus en plus obsolètes… et pourquoi ils conservent pourtant de solides défenseurs.

Pourquoi les billets deviennent-ils obsolètes ?

Le temps perdu

Qui n’a jamais connu la frustration d’un restaurant ou d’un bar qui n’accepte que les espèces, vous forçant à partir en quête d’un distributeur ? Aux États-Unis, on estime que les citoyens perdent en moyenne 28 minutes par mois à chercher des distributeurs. Un temps précieux.

L’argent est sale

Une étude britannique2 révèle que les distributeurs automatiques sont plus contaminés que les toilettes publiques. Aux États-Unis3, 87 % des billets analysés contiennent des bactéries dangereuses, et 7,4 % présentent des risques même pour des personnes en bonne santé.

Le vol

Les liquidités attirent les voleurs : 40 milliards de dollars sont subtilisés chaque année dans les commerces américains. De plus, 100 milliards de dollars échappent au fisc via des paiements en liquide non déclarés.

Le coût de fabrication

Produire de la monnaie physique n’est pas anodin : chaque billet ou pièce coûte entre 5 et 10 centimes. En Europe, avec 17 milliards de billets et 106 milliards de pièces en circulation4, le coût annuel se chiffre à plusieurs dizaines de milliards d’euros.

Pourquoi les billets restent-ils utiles ?

L’inclusion financière

Tout le monde n’est pas équipé d’une carte bancaire ou d’un smartphone. Le cash reste essentiel pour les personnes âgées, les habitants de zones rurales et les foyers modestes.

La protection de la vie privée

Les paiements électroniques laissent des traces. Le cash garantit l’anonymat des transactions, un droit fondamental pour beaucoup.

La résilience face aux pannes

En cas de panne électrique, de cyberattaque ou de défaillance technologique, seul le cash continue à fonctionner. C’est un atout de résilience.

La confiance en temps de crise

Lors de crises financières ou politiques, les billets réapparaissent comme valeur refuge, rassurant les populations face à l’incertitude.

Vers une coexistence ou une disparition ?

La disparition du cash semble probable à long terme, mais la transition sera lente. L’adoption massive du paiement dématérialisé devra surmonter de nombreux défis : fragmentation des solutions, accès universel, normes de sécurité et protection des données.

Ainsi, à court terme, billets et monnaies numériques continueront à coexister.


Références

  1. Source : ecb ↩︎
  2. Source : telegraph.co.uk ↩︎
  3. Source : abc news ↩︎
  4. Source : ecb ↩︎